Interview : Marie, 30 ans, pleine de projets et autiste

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Je m’appelle Marie, j’ai 30 ans, je n’ai pas d’emploi – mais plein d’occupations et de projets – et je suis en couple depuis 8 ans avec mon amoureux Mr Ours. Nous vivons dans une Tanière au bord de la mer avec notre chatte, Luna et je suis autiste.

Une première interview pleine de sagesse qui casse les mythes véhiculés sur l’autisme!

Marie, quand as-tu été diagnostiquée comme étant autiste ?

Je suis autiste – TED non spécifié – et j’ai eu un pré-diagnostic quand j’avais 22 ans, suite à une grosse crise qui m’a amené aux urgences puis chez un psychiatre. Celui-ci pensait alors que j’étais asperger, mais le diagnostic final en 2010 a donné «non spécifié».
 Je suis atypique chez les atypiques.

Toute petite, avais-tu conscience de ta différence ?

Oui, je me suis toujours sentie extra-terrestre. A l’époque, je pensais surtout que je ne faisais pas assez d’efforts pour comprendre les autres et créer de bonnes relations avec eux.
Vers 8 ans, j’ai quand même montré un article sur l’autisme à ma mère (dans Femme Actuelle, me dit-elle) en lui disant « je suis ça », mais elle n’a pas comprit, vu que j’étais très communicante.

J’imagine que tes parents ont été là pour t’aider, même s’il n’y avait pas de diagnostic …

Ma mère, intuitivement, m’a toujours beaucoup expliqué les choses. Mon père m’a toujours parlé de culture. A eux deux ils ont su stimuler ma curiosité et donc mon ouverture au monde.
 Depuis le diagnostic, ils m’accompagnent chacun à leur façon dans mon apprentissage de l’autonomie.

Est-ce que si tu avais su que tu étais autiste, ça aurait été plus simple ?

Plus facile pour certaines choses, sûrement, mais je n’aurais pas vécu les mêmes expériences.
 Par exemple, je suis partie étudier en Grande-Bretagne à l’âge de 16 ans pendant 4 ans et demi. Ma mère a toujours dit que si elle avait su que j’étais autiste, ce n’est pas sûr qu’elle m’ait laissé partir – et ce n’est pas sûr que j’en aurais eu envie.

Comment vis-tu ton autisme ? Est-ce que ça te pose problème ?

Pour certaines choses : les coups de téléphone, sortir de chez moi seule, et la frustration d’être seule et d’avoir du mal à créer des liens « physiques » – j’ai des amies que j’aime beaucoup mais qui vivent loin donc nous communiquons surtout par internet, par exemple.

Par ailleurs, je prends un traitement chimique – de la venlafaxine, un IRSN: c’est à dire qu’il évite à mon cerveau de « manger » toute la sérotonine, entre autre – qui me permet de ne plus me sentir « déprimée » comme avant.
J’ai aussi suivi une thérapie cognitivo-comportementale qui m’a beaucoup aidé à mieux conscientiser et gérer mes émotions ainsi que dans ma relation aux autres.
J’ai fait aussi des thérapies dites alternatives en parallèles qui m’ont – et m’aident – aussi beaucoup.

Et finalement, est-ce que tu regrettes d’être autiste ?

Non, pas plus que je ne regrette de mesurer 1m52. Parfois j’aimerais être plus grande et moins autiste, mais en général ça va. J’ai appris à m’aimer comme je suis.

Et quels conseils donnerais-tu à un jeune autiste pour l’aider ?

Les mêmes que je donne à mes amies :

  • Apprends à te connaître
  • Ne te compare pas aux autres car tu n’es pas les autres et inversement
  • Fais-toi confiance : tu sais ce qui est bon pour toi
  • Suis ton cœur, il sait ce qui est juste pour toi.

Merci beaucoup Marie pour ce témoignage sans ambage ! J’aime beaucoup le conseil que tu donnes  » Fais-toi confiance : tu sais ce qui est bon pour toi » parce que ça fait vraiment écho en moi. Je vais le transmettre au Petit Prince, qui a mon avis a besoin d’entendre cette phrase. Et en plus, si tout le monde, même les « typiques » suivaient ce conseil, ils seraient certainement plus heureux. Je te trouve pleine de sagesse Marie !

Si vous avez aimé cette interview, partagez-la : plus on parle des autistes, plus on les fait sortir du placard !

Vous pouvez aussi retrouver Marie sur son blog : http://mariebernat.fr/

8 réflexions sur “ Interview : Marie, 30 ans, pleine de projets et autiste ”

  • 05/03/2014 à 21:22
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    merci marie pour ton temoignage , ca me donne plein d espoir dans la future vie de mon fils ; d ailleurs j adore ton expression  » fais toi confiance….  » , c est ce que je dis toujours a mon fils et il me dit  » t inquiete maman je sais bien que je ne suis pas comme tt le monde mais tu vas voir tu seras fier de moi !  »
    longue vie a toi et beaucoup de bonheur !

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      • 10/03/2014 à 20:12
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        merci marie c est gentil ! pour toi aussi tu le merites !

  • 06/03/2014 à 10:07
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    je pense à toi Marie et à ton combat, ma fille est dans le même combat. Merci de ton témoignage

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    • 06/03/2014 à 19:42
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      Anne-Marie, je ne suis plus dans le combat, je suis dans l’acceptation et c’est beaucoup plus doux pour moi.
      Je continue à avancer mais dans la douceur, pas dans la force.
      Je souhaite à ta fille de trouver son rythme, son acceptation, sa voie <3

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  • Ping : L’interview | JoiAmour

  • 10/03/2014 à 20:08
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    Merci pour ce témoignage. Effectivement je pense que la confiance est à la base de toute réussite ; en commençant par la confiance que les parents portent à leur enfant qui fera alors boule de neige . Si les parents y croient alors tout est possible.

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